- relâcher
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• relaschier « pardonner (une faute) » XIIIe; lat. relaxare → 1. lâcher; 1. relaxerI ♦ V. tr.1 ♦ (1545) Rendre moins tendu ou moins serré. ⇒ desserrer, détendre. Relâcher un lien, des guides. — Par ext. « Le savetier relâcha l'étreinte de ses genoux sur la bigorne » (Duhamel).♢ Spécialt, Physiol. Relâcher les muscles. ⇒ décontracter, 2. relaxer. — (1835) Relâcher l'intestin : faciliter l'évacuation (⇒ laxatif) . « La cuisine à l'huile a quelque peu relâché ses intestins » (A. Gide).2 ♦ Fig. Reposer et détendre. L'attention « veut être relâchée de temps en temps » (Bossuet).♢ Laisser perdre de sa force, de sa rigueur. Relâcher la discipline.3 ♦ Remettre en liberté. ⇒ élargir, libérer, 1. relaxer. Relâcher un otage, un prévenu, un prisonnier.II ♦ SE RELÂCHER v. pron.1 ♦ Devenir plus lâche. Fig. « Plus le lien social s'étend, plus il se relâche » (Rousseau).2 ♦ Devenir plus faible, moins rigoureux. ⇒ faiblir, fléchir. Courage, discipline, zèle qui se relâche. Son attention, son autorité se relâche.♢ (Personnes) Montrer moins d'ardeur, de force, d'exactitude. Se relâcher dans son travail.III ♦ V. intr. Faire relâche, faire escale. Navire qui relâche dans un port. « Ariane fut malade en mer et on dut relâcher dans l'île de Naxos » (Henriot). ⊗ CONTR. Raidir, resserrer. Renforcer. Capturer, incarcérer; détenir, retenir.Synonymes :Contraires :- bander- raidir- serrer- tendreRendre ou laisser devenir moins intense, moins rigoureux un effort...Synonymes :- atténuerContraires :- durcirRemettre quelqu'un en liberté, le libérerSynonymes :- libérer- relaxerContraires :- appréhender- arrêter- attraper- capturer- épingler (familier)- incarcérer- prendreCéder, rabattreSynonymes :- diminuer● relâcher verbe intransitif Faire relâche : Relâcher le mardi. ● relâcher nom masculin (de relâcher) Action de pêche qui consiste à retenir la ligne dans le courant, puis à lui rendre la main.relâcherv.rI./r v. tr.d1./d Diminuer la tension de; desserrer, détendre. Relâcher un ressort, des entraves, une courroie.— Spécial. Relâcher les intestins, le ventre: stimuler l'évacuation intestinale.|| Fig. Relâcher son esprit, son attention.— Relâcher la discipline, la rendre moins rigoureuse.d2./d Libérer, élargir. Relâcher un prisonnier.rII./r v. Pron.d1./d Devenir moins tendu, moins serré. étreinte qui se relâche.d2./d Perdre de sa rigueur, de sa fermeté. Son zèle s'est un peu relâché.rIII/r v. intr. MAR Faire escale, en parlant d'un navire.⇒RELÂCHER, verbeI. — Empl. trans.A. — Diminuer la tension de. Synon. desserrer, détendre. Relâcher une corde, une courroie, un lacet, un ressort; relâcher les rênes. Le grand maigre (...) parut demander au chasseur s'il ne devait pas délier les prisonnières. L'autre relâcha encore un peu les nœuds (POURRAT, Gaspard, 1930, p. 236). Vérifier la raie des cheveux, resserrer puis relâcher sa cravate avec une minutie agacée (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 63).— MÉD. Relâcher la mâchoire, les muscles. Les détendre, les décontracter. Relâcher les intestins. Provoquer un relâchement intestinal. Je lui parlai de la nécessité de relâcher le ventre (pilules d'Anderson) (MICHELET, Journal, 1857, p. 382). Absol. Purger légèrement. Ce remède relâche (Ac. 1935).— CUIS. Rendre plus liquide. Relâcher une purée, une sauce. (Dict. XXe s.).B. — Au fig.1. Donner du relâche, détendre, diminuer. Synon. amollir. Relâcher l'attention, l'esprit, la surveillance. Comme on le pressait, vers la fin, de relâcher quelque chose de la rigueur de sa vie à cause de son grand âge, il répondait que cet âge, au contraire, l'avertissait « qu'il falloit doubler la garde » (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 3, 1848, p. 501). V. acutesse ex.2. Remettre en liberté. Synon. libérer. Relâcher un oiseau; relâcher un accusé, un captif, un otage, un prévenu; relâcher faute de preuves, sur parole. La Commune avait fait relâcher d'avance tous les prisonniers qui n'étaient pas accusés de choses politiques (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 46).3. Vieilli. Céder, abandonner quelque chose de ses droits, de ses prétentions, de ses intérêts. Il ne veut rien relâcher de ce qu'on lui doit. Combien voulez-vous relâcher du prix que vous demandez de cette étoffe? (Ac.). Et ça recommence! Et je relâche cent francs, et il réempoche les cent francs avec un sourire de victime (COURTELINE, Ronds-de-cuir, 1893, 3e tabl., III, p. 117).II. — Empl. pronom.A. — Se détendre. Le ventricule se relâche. Je plonge mon poignard dans le cœur de mon ennemi. Les bras du monstre se relâchent; il abandonne sa proie, s'affaisse, roule à terre, expire (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p. 234). En même temps ses reins fléchirent et tous ses muscles se relâchèrent à la fois (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p. 150).B. — Au fig. Devenir moins actif, moins rigoureux; se laisser aller. Que de raisons il aurait eues de renoncer, de se relâcher, de se livrer aux mille et mille concessions quotidiennes, où l'âme ordinaire s'enlise! (ROLLAND, Beethoven, t. 1, 1937, p. 57). Vous vous tenez à peu près convenablement au réfectoire... Et puis de nouveau tout se relâche, vous recommencez à être insolent, chahuteur, menteur, à dégringoler avec une monstrueuse insouciance; tout à vau-l'eau, votre corps et votre âme (MONTHERL., Ville dont prince, 1951, I, 1, p. 858).♦ Se relâcher dans. On se relâche dans la pratique des devoirs, on se permet des satisfactions qu'on croit innocentes (COTTIN, Mathilde, t. 1, 1805, p. 174).♦ Se relâcher de. Mon père, en voyant un tel amour, se relâcha de ses principes, et eut la faiblesse de consentir à cette union (SCRIBE, VARNER, Mariage raison, 1826, I, 10, p. 392).— PÊCHE. Descendre les rivières, s'abandonner au cours de l'eau (d'apr. BAUDR. Pêches 1827). Les anguilles retournent à la mer en automne. On dit qu'elles « se relâchent » (PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, p. 71).III. — Empl. intrans., MAR. Faire relâche. Relâcher dans un port. Tu sais comment s'accomplit le voyage du Nil: on remonte sous le vent, sans relâcher, sans descendre à terre pour visiter les monuments, jusqu'au point le plus éloigné de son itinéraire (DU CAMP, Nil, 1854, p. 105). V. relâche ex. 2.REM. Relâcher, relâché, subst. masc., pêche. ,,Manœuvre consistant, lorsque le flotteur suit le courant, à l'arrêter un court instant, puis à le laisser repartir`` (POLLET 1970). Sur le dernier relâcher en fin de coulée, le pêcheur ferre automatiquement (SCHREINER 1975, s.v. relâché).Prononc. et Orth.:[
], (il) relâche [-
]. Ac. 1694, 1718: -lascher; dep. 1740: -lâcher. Étymol. et Hist. A. Trans. 1. ca 1170 « desserrer, adoucir » (Rois, éd. E. R. Curtius, p. 13, VI: E rendrez loenge [...] al halt Deu de Israel, si par aventure volsist relascher sa main, Ki tant est dure sur nus); 2. 1269-78 relachier « rendre la liberté (à quelqu'un) » (J. DE MEUN, Rose, éd. F. Lecoy, 20180); 3. 1580 p. métaph. « rendre plus lâche, distendre » (MONTAIGNE, Essais, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, II, 15, p. 615: mais d'autant s'est depris et relaché le nœud de la volonté et de l'affection, que celuy de la contrainte s'est estroicy); 4. 1647 « apporter une certaine négligence (à ce qu'on fait) » (DESCARTES, Méditations métaphysiques, 3e médit., éd. A. Robinet, p. 31, 18: lorsque je relâche quelque chose de mon attention). B. Pronom. réfl. 1. 1230 « s'écarter, faire digression » (Gaidon, éd. F. Guessard et S. Luce, 9678); 2. 1580 « devenir plus lâche, moins tendu » (MONTAIGNE, Essais, II, 35, p. 745); 3. 1588 « devenir moins rigoureux » (ID., ibid., III, 5, p. 862); 4. 1627 « devenir moins intense, moins ardent » (MALHERBE, lettre à Racan ds Œuvres, éd. L. Lalanne, t. 4, p. 32); 5. 1640 « faiblir, cesser de soutenir son effort » (PERROT D'ABLANCOURT, trad. des Annales de Tacite, l. 12 ds RICH.). C. Intrans. 1580 mar. (MONTAIGNE, Essais, II, 12, p. 495). Dér. de lâcher1; préf. re-. Fréq. abs. littér.:515. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 1 031, b) 706; XXe s.: a) 445, b) 663.
relâcher [ʀ(ə)lɑʃe] v.ÉTYM. V. 1155, relaschier « renoncer à »; XIIIe, « pardonner (une faute), remettre (une peine) »; du lat. relaxare. → Lâcher; relaxer.❖———I V. tr.1 (1545). Rendre moins tendu ou moins serré. ⇒ Détendre, desserrer, lâcher. || Relâcher un ressort, un lien. — Par anal. || Relâcher une tension, une étreinte.1 Une seconde, le savetier relâcha l'étreinte de ses genoux sur la bigorne (…)G. Duhamel, Salavin, V, V.♦ Relâcher les muscles. ⇒ Décontracter (→ aussi Esthétique, cit. 6). || Remède émollient, qui relâche les tissus. — (1835). || Relâcher l'intestin : faciliter l'évacuation. — Absolt. || Ce remède relâche (Académie), purge légèrement.2 (…) il s'arrête en route et s'attarde, car la cuisine à l'huile a quelque peu relâché ses intestins.Gide, Nouveaux prétextes, p. 235.♦ Par métaphore. || L'absence (cit. 10) relâche certains liens.♦ Cuis. Rendre plus liquide. || Relâcher une sauce.2 Fig. Donner du relâche à…, reposer et détendre. || Relâcher l'esprit. || L'attention (cit. 7) veut être relâchée de temps en temps. — Laisser perdre de sa force, de son action, de sa rigueur, rendre plus mou, plus lâche… || Relâcher la discipline. ⇒ Adoucir, diminuer, ramollir. — (1651). Vx. || Relâcher une chose à…, la laisser aller à…, par un relâchement. — (1647). || Relâcher qqch. de…, en ôter qqch., renoncer en partie à… (→ Attention, cit. 2; indulgence, cit. 13). — Ôter l'énergie à… ⇒ Aveulir. || L'expectative (cit. 2) avait relâché ces âmes.3 Laisser aller; remettre en liberté (qqn). ⇒ Élargir, lâcher, libérer, 1. relaxer. || Relâcher un captif, un prisonnier (→ Détention, cit. 1).———II V. intr.1 Vx ou littér. Perdre de sa force, de son action, de sa rigueur. || Gens « capables de relâcher pour la paix » (Bossuet), de se relâcher. — Par ext. || Relâcher de ses prétentions (⇒ Rabattre), de ses droits et de ses obligations (Fléchier, in Littré), de son devoir (Racine), des règles (Massillon).3 J'étais, en tout cas, bien résolu à ne pas relâcher de ma vigilance.G. Duhamel, Manuel du protestataire, VI.2 (1580). Mar. Faire relâche (II.), faire escale; interrompre la navigation pour une courte durée (→ Équipage, cit. 2; humer, cit. 1). || Navire qui relâche dans un port. ⇒ Toucher (au port).4 Par malheur, Ariane fut malade en mer et on dut relâcher dans l'île de Naxos, où, ne pouvant continuer sa route, elle s'arrêta.Émile Henriot, Mythologie légère, p. 124.——————se relâcher v. pron.1 (XVIIe). Devenir plus lâche. ⇒ Détendre (se). — Fig. || « Plus le lien social s'étend, plus il se relâche » (Rousseau).2 (Déb. XVIIe). Devenir plus faible, moins actif, moins rigoureux. ⇒ Diminuer, faiblir. || Courage, discipline, zèle qui se relâche. || Sa haine s'est relâchée (→ Attacher, cit. 92). || Son autorité se relâche peu à peu. ⇒ Perdre (se). — (Personnes). Montrer moins d'ardeur, de force, d'exactitude. ⇒ Négliger (se). || Se relâcher dans son travail. || La garnison se relâche (→ Insinuer, cit. 11). || Se relâcher de ses devoirs (→ Abandonner, cit. 21).5 Il en est des religions comme des constitutions monastiques, qui toutes se relâchent avec le temps.Diderot, Entretien d'un philosophe avec la maréchale de .♦ Se relâcher de : céder, rabattre de (ses droits, ses prétentions). || Se relâcher sur… — Contr. : entêter (s'), opiniâtrer (s').——————relâché, ée p. p. adj.1 Élastique relâché. || Guides relâchés (→ Galop, cit. 3). — Intestin relâché. — Tension relâchée.2 (Attesté 1662, Pascal). Qui a perdu sa force. || Autorité, discipline relâchée. ⇒ Affaibli. || Zèle relâché. ⇒ Mitigé. — Spécialt. || Conduite, morale relâchée, mœurs relâchées (→ Janséniste, cit. 1; jésuite, cit. 1). ⇒ Dissolu.3 (Personnes). Vx. Dont le zèle, la discipline, la morale, sont lâches et ouvrent la voie à tous les excès. || Des religieux relâchés (→ Casuiste, cit. 1).6 (…) la foule des Casuistes relâchés s'offre à la foule de ceux qui cherchent le relâchement.Pascal, les Provinciales, V.4 Qui manque de rigueur. || Style relâché.5 Phonologie. Lâche.❖CONTR. Bander, contracter, raidir, resserrer, serrer, tendre. — Distendre, tirer. — Ceinturer, étreindre. — Constiper. — Durcir, renforcer. — Arrêter, attraper, appréhender, capturer, écrouer, incarcérer. — Détenir, retenir. — (Du p. p. adj.) Ardent, assidu, étroit, sévère, strict.DÉR. Relâchant, relâche, relâchement.
Encyclopédie Universelle. 2012.